Couper le gaz russe, tout de suite.

Hier, l’Europe a acheté environ 100 millions de m3 de gaz à la Russie. En moyenne, l’UE, le Royaume-Uni et les Etats-Unis continuent de payer plusieurs centaines de MILLIONS de dollars à la Russie, PAR JOUR, pour le gaz et le pétrole.

Que nos dirigeants n’aient pas décidé de couper le gaz immédiatement et sans hésitation montre que la rhétorique guerrière, la rhétorique du sacrifice, est une posture politique, un déguisement, un élément de langage, rien d’autre, et clairement pas la preuve d’une quelconque détermination des Européens dans ce conflit.

Pourtant, il est crucial que nous montrions immédiatement que nous sommes capables de sacrifices. Si nous refusons de nous passer de chauffage, ne serait-ce que quelques semaines, qui peut vraiment croire en notre engagement et en notre sincérité lorsque nous nous disons prêts à tout pour mettre fin à cette guerre et aider les Ukrainiens ? Personne, et certainement pas Poutine.

Certes, couper le gaz russe serait un coup dur ; nous ne pourrions plus nous chauffer autant, notre industrie agro-alimentaire serait en partie à l’arrêt, il faudrait renoncer à certains aliments transformés, le réseau électrique européen serait menacé de black-out. MAIS c’est un sacrifice raisonnable, un sacrifice qui s’en prend à notre confort mais ne prendra pas nos vies. On crie la solidarité aux Ukrainiens, on envoie 20 euros par-ci par-là, trois français courageux rejoignent la frontière, mais nous ne serions pas capables, tous, en masse, pour affaiblir la Russie, de mettre un pull-over pour affronter le froid pendant quelques mois ? Où est le sacrifice ? Où est la solidarité ?

Alors, après SWIFT, lls continuent à prendre quelques mesurettes, chaque jour, pour faire croire qu’ils continuent à agir. Par exemple, aujourd’hui, ils bloquent Visa et Mastercard, mais attention, le diable est dans les détails, ils ne les bloquent QUE pour les achats par les russes à l’ETRANGER. Même genre de mesurette que pendant le COVID, comme celle qui interdit de prendre les cafés debout mais pas assis. Ne soyons pas naïf ; ce genre de mesures n’est pas censé avoir un effet réel, elles servent à réunir le consensus : elles satisfont la soif d’actions d’une partie de la population – on peut lui dire, vous voyez, je fais quelque chose – tout en évitant de se mettre à dos ceux qui refusent des contraintes trop dures. Bref, elles servent à être réélu.

Je vois ainsi deux raisons pour lesquelles le Président de la République ne demande pas haut et fort de couper le gaz immédiatement. D’un, parce qu’il a peur de donner froid aux français un mois avant les élections, mais penser que cela changerait notre vote, c’est nous prendre pour des lâches et des imbéciles. Deux, car il est clair qu’une telle mesure mettrait en péril le consensus européen, notamment entre la France, moins dépendante du gaz, et l’Italie et l’Allemagne, qui sont elles très dépendantes. Or, le mythe de l’Europe forte, de l’Europe unie face à la guerre, de l’Europe déterminée face à l’horreur, est centrale pour la campagne présidentielle à venir. Une Europe qui faiblit, qui se dispute, un mois avant l’élection, notre Président ne peut pas l’accepter. Encore une fois, mieux vaut donc adopter des mesures consensuelles mais molles, et en parallèle donner l’illusion d’une action dure et résolue.

Nous nous sommes déjà fait avoir pendant le COVID par cette communication martiale qui dissimule une action chaotique, ne nous laissons pas avoir une deuxième fois. Il nous faut exiger dès aujourd’hui, immédiatement, des actions fortes, qui montrent que nous sommes prêts à partager le fardeau des Ukrainiens :

1. la destruction immédiate et irréversible de Nord Stream 2

2. L’arrêt immédiat et sans condition de l’importation de gaz de Russie.


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