Quatre mois que je vous rabâche les oreilles avec ça, mais aujourd’hui les revenus de la Russie pour le gaz et le pétrole sont 50% plus hauts (20 milliards par mois) que juste avant la guerre.
Pourquoi notre impuissance géopolitique et nos demi-sanctions, qui vous affectent vous directement mais pas la Russie, ne sont-elles pas au cœur de cette campagne ?
On a raté l’occasion de taper fort et vite avec un embargo éclair et généralisé. Les Ukrainiens payent toujours de leurs vies pour notre mollesse, et vous commencez juste à en payer le prix.
D’ailleurs, d’après ce rapport repris par le New York Times, la France n’est pas en reste.
Ce serait le seul pays européen, aux côtés d’autres pays tels l’Inde, la Chine, l’Arabie Saoudite, qui aurait massivement augmenté ses imports d’hydrocarbures russes depuis de le début de la guerre, de gaz liquéfié et pétrole brut. Il est aussi destinataire de pétrole russe d’abord raffiné en Inde, puis réexporté en France.
Par ailleurs, « les acheteurs en France, en Belgique et aux Pays-Bas ont acheté la plupart des cargos de gaz liquéfié et pétrole brut à prix réduits. Ces achats sont des achats sur le marché spot, ils se font en dehors des contrats pré-existants et représentent par conséquent toujours une décision active d’achat. »
Pourtant, en mai très libéral think-thank européen Bruegel (Jean-Claude Trichet, Mario Monti, Jean Pisani-Ferry) prédisait:
« Un embargo progressif sur le pétrole russe risque de maintenir les revenus de la Russie à un niveau haut du fait des hausses des prix liées aux anticipations des marchés. De manière paradoxale, cela pourrait représenter un gain pour la Russie, au moins sur le court-terme ».
Je suis sûr que les gens qui voient actuellement tout leur salaire passer dans leurs pleins d’essence sont ravis d’apprendre que leurs 2 euros le litre se retrouvent en partie dans les caisses de la Russie.
D’un côté il fallait vraiment être abruti pour imaginer un embargo « progressif » du pétrole (qui n’est pas captif comme le gaz), et sans réduction de la demande associée. C’était l’explosion des prix assurées, et donc des recettes de la Russie. Mais c’est bien ce qu’ont inventé les gens qui nous dirigent et dirigent l’Europe.
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