Il faut être très prudent en ces temps de guerre, d’élections, et de propagande. Il faut en particulier rappeler qu’aucun président français n’avait autant accordé autant d’honneur à Vladimir Poutine qu’Emmanuel Macron, qui l’a reçu cinq fois à Paris, dont une fois en grande pompe à Versailles juste après son élection en 2017, et récemment au Fort De Brégançon.
Laissez-moi être clair, je pense que la ligne du non-alignement a des limites, et il ne faut pas oublier les errements du candidat Mélenchon sur la Syrie ni leur complaisance envers l’armée syrienne. En revanche, je trouve tout à fait effrayant qu’un ministre, Clément Beaune, déclare à la radio que ce candidat est un « ami » de Poutine. Au moment même où la France met en place une grande offensive contre les « Fake News », le fait qu’un ministre en fonction répande de telles contre-vérités est très inquiétant. Rappelons que la France Insoumise a toujours soutenue très clairement et ouvertement les opposants politiques à Poutine ainsi que la révolution ukrainienne. Il n’y a absolument aucune amitié, ni dans le discours ni dans les faits. Il n’y a que de l’inimité manifeste, dans toutes les archives que j’ai pu consulter. On peut critiquer la ligne anti-OTAN de ce mouvement politique ou ses erreurs d’analyse géopolitique, mais il est inadmissible de le pointer comme ami de la dictature et de l’oligarchie, et ça l’est encore plus lorsque cela vient de la bouche d’un ministre en exercice, qui mêle tout à fait consciemment les registres martiaux et électoraux.
Nous avons droit, malgré la guerre et les morts en Ukraine, SURTOUT à cause de la guerre et des morts en Ukraine, à une vraie campagne présidentielle.
Emmanuel Macron sera sans doute réélu. Ce sera une bonne nouvelle pour l’Europe, où les planètes sont alignées, d’Amsterdam à Rome et de Lisbonne à Varsovie, et où l’on entrevoit la création d’un vaste espace de souveraineté politique, économique et militaire, dont l’impossibilité a pourtant été si souvent théorisée. Macron est sur certains aspects un homme d’Etat compétent, en tout cas je crois qu’il est vu comme tel par beaucoup de gens de ma tranche d’âge qui n’avaient connu que les gouvernements de l’UMP ou du parti socialiste. C’est également le premier président, qui par sa parole mesurée, a su apporter, calmer et faire passer en second plan la question religieuse, en particulier musulmane.
En revanche, je ne peux pas accepter le statu-quo sur la question environnementale, sur la justice sociale, sur le financement de nos écoles, nos hôpitaux, et nos tribunaux : ces anciennes fiertés de la France, dont la qualité et la compétence n’ont fait que se dégrader depuis vingt ans, pour finir aujourd’hui par être bradées au secteur privé. C’est pourquoi il ne faut pas nous laisser voler cette élection présidentielle. Il faut imposer les thèmes qui vous sont chers, il faut créer des contre-pouvoirs, il faut tout faire pour que cette guerre ne soit pas l’occasion d’un regain d’autoritarisme de la part de l’exécutif, d’une main-mise toujours plus grande sur l’appareil médiatique, d’un mépris toujours plus grand pour l’expression démocratique. Et il faut donc, pour revenir au sujet de cette publication, être très prudent quant à la propagande gouvernementale.
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